Le mardi 5 JUILLET 2022
Invité
Quelques mots sur l'événement
Xavier Huillard, PDG de VINCI, a pris la parole au Cercle Humania le 5 juillet 2022. Il s’est exprimé sur le thème : “Croissance responsable : comment agir face à l’incertitude”
Pour Xavier Huillard, l’incertitude n’est pas un phénomène nouveau. Mais elle diffère aujourd’hui car les défis actuels ont des ampleurs nouvelles :
- Premier défi : C’est celui de l’environnement. Il crée de l’incertitude sur la résilience des business models, qui challengent les capacités à s’adapter à de nouveaux paradigmes.
- Deuxième défi : la cybersécurité est un risque croissant. Les cyberattaques peuvent faire vaciller des entreprises entières et pousser à revoir les process.
- Troisième défi : il y aura de nouvelles pandémies, la question est surtout de savoir quand viendront les prochaines et comment s’y préparer.
- Quatrième défi : on sent qu’il y a un risque de démondialisation, avec des blocs de pays qui peuvent s’isoler.
Pour ce dernier défi, Xavier Huillard met en avant un signal faible : la Chine est en train de se replier sur elle-même et n’acceptera plus pour très longtemps la concurrence des entreprises extérieures.
Il poursuit en donnant quatre clés pour faire face à l’incertitude :
La décentralisation : chez VINCI, le Groupe compte un grand nombre de Business Units autonomes. Elles sont unies par une culture commune et quelques règles, mais le moins possible pour ne pas étouffer la prise de responsabilité, l’innovation et l’énergie entrepreneuriale. L’intervenant considère que c’est la seule manière de grandir sans grossir. Par ailleurs, le risque lors d’une crise concerne la régression managériale, c’est-à-dire que la tête d’une organisation souhaite concentrer à nouveau les pouvoirs. Xavier Huillard considère que c’est une erreur. Il est essentiel de gérer l’incertitude au niveau local pour gagner en agilité.
Penser sur un temps long : les objectifs long terme permettent de servir de boussole, d’autant plus en période d’incertitude.
La granulométrie dans les temps : prévoir un équilibre entre activités à cycle long, moyen et court. Cette répartition explique pourquoi VINCI est une organisation résiliente depuis plus d’une centaine d’années.
Toujours envisager la marche arrière : il est toujours échec de ses investissements et de ses projets. Il ne faut jamais prendre des décisions qui risquent de mettre en danger l’ensemble de l’entreprise en engageant trop de capitaux au même endroit.
La performance globale est la clé de voûte de l’ensemble. Aujourd’hui, la performance sociale n’est pas à part des autres types de performance. L’ensemble des composantes, économiques, sociales et environnementales, sont communicantes. Un projet performant sur le plan environnemental l’est sur tous les autres. C’est une manière de pensée qui séduit les talents que les entreprises souhaitent attirer et conserver.
VINCI avait pris du retard sur la dimension environnementale. Il a donc été décidé de prendre le défi à bras-le-corps pour mieux prendre en compte cette composante. L’entreprise a consolidé un ensemble d’actions en comparant l’intérêt environnemental et le Retour Sur Investissement des projets : les résultats étaient positifs sur les deux mesures. La performance économique et la performance environnementale ne sont donc pas antithétiques.
Le tout doit être valorisé via un narratif. Pour échapper à une vision de court terme, il faut élaborer un projet de long terme. En racontant son histoire, on met les différentes parties prenantes sur son propre terrain. En orientant ce narratif, il est possible d’attirer le type d’actionnaire et d’investisseur qui partage sa vision. Un narratif cohérent est particulièrement clé face aux choix douloureux.