Depuis le 1er janvier 2023, le scope 3 devient obligatoire dans les Déclarations de Performance Environnementale et Financière (DPEF) des entreprises. Le calcul du scope 3 vise à évaluer l’impact environnemental de l’ensemble de l’organisation, en incluant les émissions de CO2 des activités qui ne sont pas directement contrôlées par l’entreprise elle-même. Il permet de déterminer la part de l’empreinte environnementale de l’entreprise due aux activités directes, versus aux activités indirectes et de mettre en place des actions pour réduire cette empreinte, aussi appelé plan de transition). D’après l’ADEME, les émissions indirectes représentent environ 75% des émissions d’une entreprise.
En tant que DRH, comment agir sur ces émissions ? Quels leviers est-il possible d’activer ? Pour les directions RH, l’enjeu se trouve au niveau de l’amélioration et de l’optimisation des déplacements domicile-travail des collaborateurs, un bon moyen de décarboner les transports des salariés tout en améliorant la qualité de vie au travail et le pouvoir d’achat des collaborateurs. Un calcul complexe, notamment dans le cadre d’une stratégie RSE à grande échelle.
Le covoiturage du quotidien - une voie à explorer
L’un des plans d’action consiste à encourager le covoiturage, notamment entre les employés qui vivent à proximité les uns des autres et qui ont des horaires de travail similaires.
Le covoiturage permet non seulement de réduire la quantité d’essence utilisée, mais aussi de diminuer les coûts associés aux déplacements quotidiens, tels que les frais de stationnement et les péages. Les employeurs ont la possibilité offrir des incitations telles que des cartes de stationnement à prix réduit ou des remboursements pour les covoitureurs afin d’encourager ce comportement. Dans cette continuité, le gouvernement a mis en place un plan covoiturage dès le 1er janvier 2023 sous la forme d’une prime de 100 euros pour les primo-conducteurs.
En outre, les entreprises pourraient donner accès à des services de covoiturage tels que les plateformes de covoiturage externes à l’entreprise (Blablacar daily, Klaxit, Karos..) ou bien à une plateforme de covoiturage interne à l’entreprise telle que Jeekan, afin que les employés puissent facilement trouver d’autres navetteurs allant dans la même direction. Un outil tel que Jeekan permet d’identifier tous les potentiels covoitureurs empruntant quotidiennement le même trajet, et facilite la mise en relation des collaborateurs qui le souhaitent.
Cap sur les mobilités douces et alternatives
Depuis quelques années, les initiatives se multiplient pour promouvoir des mobilités alternatives à la voiture individuelle. Pistes cyclables, aide à l’achat de véhicules électriques… Les entreprises peuvent également proposer des aides pour faciliter le passage à ce type de transports moins carbonés. C’est le cas du forfait de mobilités durables.
Le forfait mobilité durable est un dispositif introduit par la loi LOM votée en Novembre 2019. Il prévoit la prise en charge forfaitaire, totale ou partielle, par l’employeur, des frais de trajet des salariés qui se rendent au travail par des moyens de transport considérés comme écologiques : le vélo, le covoiturage, les transports en commun etc.
Le forfait mobilité durable peut être mis en place par toutes les entreprises souhaitant développer des mesures concrètes pour réduire leur impact environnemental lié aux déplacements de leurs salariés, peu importe leur taille et leur secteur d’activité.
Les entreprises qui mettent en place le FMD bénéficient d’une exonération fiscale, tandis que le forfait est également exonéré d’impôt sur le revenu pour les collaborateurs. L’objectif est de prendre en charge de manière plus importante les dépenses des collaborateurs pour les inciter à se tourner vers des mobilités douces. Le FMD est plafonné à :
- 700 € par personne et par an pour les années 2022 et 2023 ;
- 800 € si l’employeur cumule le FMD avec la prise en charge de l’abonnement aux transports en commun.
Le forfait mobilité durable est un dispositif complet qui permet aux entreprises de mettre en place une démarche de mobilité durable, structurée et rigoureuse, notamment lorsqu’elle a été précédée de la réalisation d’un plan de mobilité employeur. L’objectif est de réduire l’impact environnemental lié aux déplacements des salariés et de bénéficier de nombreux avantages en termes de valorisation de l’engagement de l’entreprise en faveur de la mobilité durable.
Découvrez les détails du forfait mobilité durable par ici.
Nouvelles organisations du travail, comment l’optimiser ?
Pour les métiers qui peuvent en bénéficier, le télétravail constitue un bon moyen de réduire à la source le besoin de déplacements liés au travail. Prenons l’exemple d’une grande entreprise du secteur pharmaceutique, constituée de 1800 collaborateurs dont 40% d’entre eux télétravaillent de 2,5 jours par semaine. L’effet de cette politique permet d’économiser sur une année 658 tonnes de CO2 par an.
Si le télétravail reste l’un des axes de décarbonation de la mobilité liée au travail le plus important, puisqu’il supprimer à la source les émissions de CO2 liées aux transports, d’autres solutions telles que la mise en place du flex office (possibilité de travailler depuis un autre site que celui de rattachement ou depuis des espaces de co-working externes) ou du corpoworking.
Mais pour les travailleurs qui doivent obligatoirement se déplacer et se rendre sur leur lieu de travail, comment rationaliser les trajets ?
Comment et pourquoi repenser et optimiser la mobilité des collaborateurs ? L’exemple de Jeekan
Nous avons posé nos questions à Sarah Bagland et Alban Castaing, de Jeekan, une start-up dont la mission est d’aider les entreprises à optimiser la mobilité des collaborateurs : “Notre objectif est d’aider les employeurs (entreprises et collectivités) à réduire les impacts environnementaux, sociaux et financiers des déplacements liés au travail des collaborateurs” mettent-ils en avant. “Depuis quelques années déjà, les entreprises travaillent sur les scopes les plus faciles à maîtriser, à savoir les scopes 1 et 2 qui concernent les émissions de l’activité directe. Depuis janvier 2023, le scope 3 devient obligatoire pour la plupart d’entre elles”. Une bonne nouvelle, puisque pour rappel, l’ADEME indique que 75% du total des émissions des entreprises sont dus à des émissions indirectes.
Des besoins du côté des organisations comme du côté des collaborateurs
Ils constatent une accélération des besoins depuis 2020. “Avant le 1er confinement, beaucoup de prospects considéraient la question de la mobilité des collaborateurs comme quelque chose d’important mais de peu urgent. Avec l’inflation et la hausse des prix de l’énergie, la question devient plus pressante.” La mobilité est devenue une question essentielle pour répondre à deux problématiques : la rétention des collaborateurs et la réduction des coûts.
La question se pose d’autant plus pour des collaborateurs dont le travail s’effectue obligatoirement sur site. “Par exemple, les entreprises spécialisées dans la propreté sont très concernées”, abondent les fondateurs de Jeekan, “Les travailleurs doivent beaucoup se déplacer d’un lieu à l’autre, souvent pour quelques heures. In fine, le coût de la mobilité devient prohibitif par rapport à leur salaire. Pour ce secteur, nous avons mesuré que les collaborateurs, s’ils se déplaçaient avec leur voiture personnelle, dépensaient 40% d’un SMIC horaire pour une heure travaillée ! Dès lors, comment travailler sur la mobilité pour améliorer la vie de ces collaborateurs ? Comment réduire la pénibilité, le turnover et l’absentéisme au sein des métiers de service ?”
Comment la solution Jeekan répond-elle aux problématiques opérationnelles de mobilité ?
Pour répondre à ces problématiques opérationnelles très concrètes, Jeekan a développé un logiciel intuitif et ergonomique (sous forme de plateforme web accessible depuis n’importe quel outil digital) à destination des responsables RH, RSE et des managers de proximité.
Comment cela fonctionne-t-il ? La première étape concerne le paramétrage personnalisé de l’outil. Cette phase consiste à récolter les données utiles provenant des SIRH des clients : les adresses des collaborateurs, celles de leurs établissements d’affectation, les données concernant les plannings le cas échéant…
“Nous sommes aussi connectés à différentes API pour avoir des informations relatives aux temps de trajet en temps réel, aux modes de transport disponibles etc., complètent Alban et Sarah. Avec toutes ces données, nous sommes capables de déterminer si un collaborateur peut être (ré)affecté sur un site situé plus près de chez lui, s’il peut changer de moyens de transport et ainsi gagner du temps et de l’argent.”
“Nous analysons toutes les options permettant d’optimiser les trajets quotidiens. Sachant que pour les entreprises multisites, 35% à 65% de leurs collaborateurs pourraient travailler sur un site plus proche de chez eux ! C’est énorme ! Et si on commençait d’abord par traiter ce sujet ? L’étape du diagnostic suit les règles préconisées par l’ADEME en termes de réduction de CO2, de coûts, de passage vers une mobilité plus douce et durable…“
Une fois le diagnostic posé, il devient ensuite possible de mettre en place un plan d’action. Les fondateurs soulignent que de multiples solutions existent dépendant des objectifs et des spécificités de chaque entreprise : réaffectation des collaborateurs sur des sites plus proches de chez eux, covoiturage interne entre collègues, mise en place du Forfait Mobilité Durable, report modal, réorganisation des plannings… L’important est de sélectionner la meilleure option selon la réalité de chaque entreprise. Jeekan est pour l’instant concentré sur les entreprises de taille intermédiaire et les grandes entreprises. “Mais nous travaillons à ce que la plateforme soit bientôt adaptée à des entreprises de plus petite taille, car elles aussi peuvent être concernées par des problématiques de mobilité”.
La solution Jeekan via un cas client concret
Pour illustrer la démarche, une grande marque de luxe française a fait appel à Jeekan pour optimiser les déplacements de ses collaborateurs et diminuer son impact carbone. D’après les habitudes des collaborateurs, 97% d’entre eux venaient en voiture et seuls sur leur lieu de travail. Le diagnostic avait donc pour objectif d’émettre un plan d’action. L’une des pistes a été de les inciter financièrement à changer les habitudes vers du covoiturage ou d’autres modes de transports via la mise en place du forfait mobilité durable. L’usage d’une solution de covoiturage externe n’ayant pas porté ses fruits, une solution interne a été développée avec Jeekan. Un an après la mise en place de ce plan de mobilité, l’entreprise a réussi à économiser 59 tonnes de CO2 grâce aux trajets durables réalisés par les collaborateurs, dont la moitié économisée grâce au covoiturage interne.
Pour en savoir plus, contactez par mail Alban CASTAING, président de Jeekan.