Vous en avez forcément entendu parler ces derniers mois : les « agents IA » et « l’IA agentique » prennent de plus en plus de place dans nos fils LinkedIn. De quoi s’agit-il exactement ? Qu’est-ce qu’un « agent IA » – et surtout, que peut faire un « agent spécial », lorsqu’il est dédié aux RH ? Nous avons rencontré Alexis Muninger, Head of Product AI chez Neobrain, qui vient d’en lancer deux.
Commençons par les basiques : un agent IA, c’est vraiment différent d’une IA ? On peut avoir l’impression, de prime abord, d’un « coup » marketing... ?
De manière très factuelle, les agents IA signent une nouvelle ère. L’intelligence artificielle reste un outil d’assistance. Elle accompagne l’utilisateur humain en lui fournissant des analyses, des suggestions ou des contenus générés automatiquement.
Mais elle n’agit jamais directement dans les systèmes de gestion (SIRH, ERP…) : c’est un support.
Les agents IA, eux, sortent de ce rôle d’outils. Ce sont des acteurs autonomes capables de prendre des décisions, d’exécuter des tâches, et d’interagir directement avec les systèmes métier. Il en existe deux grands types : les agents conversationnels qui agissent encore sur déclencheur humain – et les agents métiers autonomes, qui comme leur nom l’indique sont capables de prendre une initiative, d’analyser en continu le contexte métier et d’automatiser des workflows complexes.
Par exemple, un agent métier autonome va générer des plans de développement personnalisés après les entretiens annuels. Une IA résume vos notes, quand un agent IA transforme directement ces notes en plans d’action, identifie les signaux faibles et envoie des alertes aux managers et collaborateurs, tout en mettant à jour le SIRH.
Pouvez-vous nous donner d’autres exemples, déjà existants ?
Bien sûr. Côté formation, une IA analyse un catalogue de formations, suggère des parcours possibles, génère du contenu pédagogique. Un agent IA, lui, associe automatiquement les formations aux rôles de l’entreprise, propose des contenus adaptés au niveau actuel de compétence de chaque collaborateur pour lui permettre de progresser, et une fois l’évaluation de compétence réalisée, il actualise le profil du collaborateur dans le SIRH.
Même chose pour la mobilité interne : l’IA analyse les données et fait des suggestions de mobilité ou de succession, là où l’agent IA identifie les postes ouverts, associe automatiquement les collaborateurs éligibles, alerte managers et collaborateurs concernés… et met à jour à nouveau le plan de mobilité dans le SIRH.
Un exemple encore, dans le recrutement : lorsqu’une IA vous aide à rédiger une annonce et analyser un CV, l’agent IA va jusqu’à publier l’offre, identifier les bons candidats sur plusieurs canaux, nourrir automatiquement votre CRM Candidats et prioriser pour vous les profils à contacter.
Ces cas d’usage montrent que les agents IA ne sont pas une promesse futuriste. Ils existent déjà dans des secteurs matures, comme la finance, le marketing ou le juridique. En deux ans, leur adoption est passée de 10 % à 85 % dans la relation client. Elle dépasse 60 % dans le marketing. La transformation RH est la prochaine étape – et elle arrive rapidement
Disposons-nous déjà de retours d’expérience / mesures de succès ?
Selon Forbes Advisor et les baromètres sectoriels publiés en 2025, 73 % des experts RH anticipent une amélioration significative de leur productivité grâce à l’IA générative, tandis que les outils RH automatisent désormais entre 49 % et 78 % des tâches administratives en fonction des processus concernés, avec une baisse du temps de saisie de données RH allant jusqu’à 80 % .
81 % des dirigeants font aujourd’hui confiance à l’IA pour transformer leurs pratiques RH, et 88 % des organisations ont augmenté leur budget dédié à l’IA RH en 2025 . Enfin, l’impact global sur les collaborateurs se traduit par une hausse de 25 à 30 % de la satisfaction interne et de la productivité, et 80 % des salariés sont favorables à l’usage de l’IA pour développer leur carrière .
(Sources : Forbes Advisor 2025, Dataiku 2025, Neobrain 2025, Parlons RH 2024, SIGMA-RH 2025)Selon Forbes Advisor et les baromètres sectoriels publiés en 2025, 73 % des experts RH anticipent une amélioration significative de leur productivité grâce à l’IA générative, tandis que les outils RH automatisent désormais entre 49 % et 78 % des tâches administratives en fonction des processus concernés, avec une baisse du temps de saisie de données RH allant jusqu’à 80 % .
81 % des dirigeants font aujourd’hui confiance à l’IA pour transformer leurs pratiques RH, et 88 % des organisations ont augmenté leur budget dédié à l’IA RH en 2025 . Enfin, l’impact global sur les collaborateurs se traduit par une hausse de 25 à 30 % de la satisfaction interne et de la productivité, et 80 % des salariés sont favorables à l’usage de l’IA pour développer leur carrière .
(Sources : Forbes Advisor 2025, Dataiku 2025, Neobrain 2025, Parlons RH 2024, SIGMA-RH 2025)
Vous-même venez de lancer deux agents, et un troisième arrive au premier semestre 2026. Quels sont leurs périmètres ?
En effet, nous avons conçu trois agents RH : Lexi se positionne sur le référentiel de compétences, Oria est un agent conversationnel à la main des collaborateurs pour piloter leurs trajectoires de carrière, et Eva – à la main des RH – vient résumer les entretiens annuels et professionnels, qui génèrent une énorme masse de données, généralement sous-exploitées.
Nous venons de publier un livre blanc pour expliquer les différences entre les principaux agents IA du marché, et nos « NeoAgents » : https://lp.neobrain.io/neoagents/guide
Nous avons notamment placé la confidentialité des données au cœur de l’architecture de nos agents IA.
On entend parfois que les agents IA vont devenir des « employés digitaux » et que les managers géreront demain des équipes hybrides, qui ne seront plus 100% humaines…
Oui, les agents IA vont transformer le travail. Oui, certaines tâches – voire certains métiers – vont évoluer, voire disparaître. Mais parler « d’employés digitaux » me semble excessif. Chez Neobrain, nous pensons qu’un agent IA n’est pas un collaborateur, mais un système spécialisé, conçu pour exécuter des tâches précises, dans un cadre défini et contrôlé par des humains.
C’est une nuance essentielle : un agent n’a ni libre arbitre, ni intuition, ni capacité à interpréter le sens d’une situation au-delà de ce qu’on lui demande. Il n’agit pas de lui-même, il agit à partir de ce que vous lui donnez. Ce que l’on observe aujourd’hui, ce n’est pas une substitution, mais une nouvelle forme de collaboration.
Les RH, les managers, les collaborateurs vont s’appuyer sur des agents pour automatiser ce qui était mécanique – reporting, mise à jour de référentiels, analyses – et se concentrer enfin sur ce qui a de la valeur : les décisions, la relation, le sens.
Appeler cela des « employés digitaux » relève davantage du storytelling marketing que d’une réalité opérationnelle. La vraie révolution n’est pas celle des machines qui remplacent l’humain, mais celle de l’intelligence augmentée, où les agents deviennent des alliés intégrés, contextualisés et transparents. Notre conviction, chez Neobrain, c’est que cette technologie ne sera durable que si elle respecte trois principes : contrôle humain permanent sur les décisions ; traçabilité et transparence des actions des agents, et renforcement des capacités humaines (pas leur effacement).
Florence Boulenger est journaliste et consultante éditoriale, spécialisée dans les transformations des entreprises, avec un intérêt marqué pour le numérique et le futur du travail.









