Marché de l’emploi : les intentions d’embauche repartent à la hausse

Benoit Derigny - Marché de l’emploi : les intentions d’embauche repartent à la hausse

Dans cette article :

ManpowerGroup a dévoilé ce mercredi les perspectives d’emploi en France pour le premier trimestre 2026. L’occasion de faire un point sur les besoins de recrutement des entreprises, avec Benoît Derigny, président du groupe pour la France.



35% des entreprises françaises prévoient de recruter entre janvier et mars 2026 : votre baromètre annonce 4 points de plus qu’au trimestre précédent. Dans quelle mesure peut-on s'en réjouir ?

Les intentions d’embauche sont en effet en hausse. Même s’il s’agit d’un frémissement, c’est quand même une tendance positive et encourageante, d’autant qu’elle intervient dans un contexte d’instabilité politique qui a un impact sur la consommation des ménages et sur les décisions d’investissements et d’embauches des entreprises.



Les évolutions sont plus intéressantes que les valeurs absolues ; et si l’on relie ce nouveau baromètre à nos autres indicateurs de tendances (crise sanitaire, contexte géopolitique et vote du budget), on peut raisonnablement penser que la situation se stabilise.



Quant à l’évolution sur le marché du travail temporaire, elle reste orientée à la baisse, mais dans des proportions bien moindres que ce que nous avons connu depuis trois ans. On note une légère amélioration pour Q1 2026 par rapport au dernier trimestre 2025 mais avec une pénurie persistante de compétences, dans le BTP et l’industrie notamment, qui ne va pas aller en s’améliorant car elles seront appuyées par la démographie et les départs en retraite massifs.

Ces chiffres nous confirment donc en filigrane qu’il est pertinent de pouvoir anticiper et donc de prévoir ces embauches.



On a vu la filière Industrie, notamment, communiquer cet automne d’une seule voix. D’autres filières vous consultent-elles pour travailler sur l’attractivité de leurs métiers ?



L’Industrie est en effet très active sur le sujet et une enquête de l’Usine Nouvelle a montré que 78% des jeunes qu’elle emploie deviennent des ambassadeurs positifs. Son principal défi se situe plus en amont : il s’agit d’attirer ces jeunes au moment où ils choisissent leur orientation.

Il reste un travail important à mener pour faire changer les Français de regard sur les filières techniques et plus largement les métiers manuels (donc pas seulement dans l’industrie), ainsi que sur les études courtes. On entend encore trop souvent que plus les études sont longues, plus on a de chances de trouver du travail, ce qui n’est plus vrai.



Et ces métiers comptent de vrais atouts : rémunérations solides, sécurité de l’emploi, possibilité d’exercer à l’international, des perspectives de carrières et d’évolution… Le tout, avec des métiers concrets, non délocalisables, qui ont du sens et qui servent les objectifs du pays en matière de souveraineté.



Notre baromètre trimestriel cite parmi les secteurs d’activité les plus dynamiques : l’industrie, le BTP et les services marchands. 6 000 postes sont disponibles chez Manpower France dans l’industrie, notamment dans l’aéronautique, la chimie, la pharmacie et les biens d’équipement. 

La filière de l’énergie nucléaire a de son côté besoin de recruter 100 000 personnes en l’espace de dix ans. La moitié pour combler les départs en retraite, l’autre pour répondre aux investissements annoncés dans les EPR !



Que conseillez-vous aux DRH qui savent déjà qu’il va leur falloir recruter en masse ?



Les DRH sont souvent sollicités comme nous en « urgence ». On nous demande plusieurs milliers de personnes d’un coup, et quand on ne les trouve pas, il faut fabriquer les compétences. 

Nous réunissons régulièrement, dans le cadre de co-investissements, des entreprises qui s’engagent avec nous à chercher des candidats, à monter les dispositifs de formation adéquats, à décrocher des financements et finalement à recruter. Le tout, dans un délai de 3 à 6 mois.



Nous parvenons à le faire, mais d’une part les budgets de formation ne sont pas suffisants : nous formons de cette manière 30 000 personnes par an, un chiffre qui pourrait grimper si les investissements suivaient. Et d’autre part, ce n’est pas une solution idéale : j’invite donc les entreprises à penser davantage à moyen-long terme.

Même dans une période d’incertitude élevée comme celle que nous vivons, certains chiffres, démographique et économiques, ne trompent pas. Le marché de l’emploi se délocalise progressivement vers un marché des compétences où l’humain ne doit plus être une variable d’ajustement.





Florence Boulenger
Gestionnaire de contenu

Florence Boulenger est journaliste et consultante éditoriale, spécialisée dans les transformations des entreprises, avec un intérêt marqué pour le numérique et le futur du travail.