Le mardi 15 mars 2022
Invités
Général d’armée Christian Rodriguez, Directeur général de la Gendarmerie Nationale
Général de corps d’armée Bruno Arviset, Directeur des personnels militaires de la Gendarmerie Nationale
Général Ghislain Rety, Commandant du GIGN
Quelques mots sur l'événement
Comment mobiliser et soutenir plus de 100 000 gendarmes confrontés à l’incertitude ? Quel parallèle avec le monde de l’entreprise ?
Christian Rodriguez, directeur général de la Gendarmerie Nationale, s’est exprimé ce mardi 15 mars… L’engagement et la résilience sont nécessaires pour faire face à l’incertitude qui rythme notre quotidien.
En ces temps de crise, l’incertitude est constante. Nous avons l’idée que nous pouvons lutter contre l’incertitude, que nous pouvons faire disparaître ce sentiment. C’est faux, on anticipe, on se prépare, mais le sentiment ne disparaît pas. Il y a des pics de tension et des crises régulières. Les gendarmes sont en première ligne. Ils travaillent avec l’humain, l’imprévisible. La prise de décision est permanente et urgente. Ces décisions ont un impact sur les personnes que la gendarmerie protège et sur les gendarmes eux-mêmes.
L’incertitude n’empêche cependant pas de planifier. Se préparer permet de prendre des décisions avec plus de flexibilité. L’organisation de la gendarmerie est très hybride. Elle existe depuis sept siècles, c’est une entité qui est en transformation constante. Cette spécificité fait que la profession se doit d’anticiper le pire.
Les gendarmes sont pourtant très impliqués, avec du travail de nuit et pendant les vacances. Comment est-ce possible ? Cette mobilisation vient dans un premier temps d’une grande solidarité entre les individus et d’un sens du collectif très fort. Le gendarme vit en caserne. Il y a donc un vrai besoin d’exemplarité auprès des populations locales. Il y a un collectif particulier qui naît du lien qui se crée entre eux. Le gendarme et sa famille sont intégrés dans la vie locale. Cette proximité avec les populations permet de donner du sens au quotidien. On fait quelque chose d’utile. Et parfois, on s’adapte sans suivre le protocole établi pour être plus efficace.
L’encadrement joue un rôle clé dans la motivation. Les jeunes gendarmes s’engagent car il y a un cadre clair et de la reconnaissance. La différence avec les anciennes générations, c’est qu’ils veulent comprendre le sens derrière les actes et les décisions prises. C’est un état d’esprit qui complexifie le travail des encadrants. Il y a une nécessité d’exemplarité de la part des chefs de proximité. Tout cela fait que la gendarmerie développe un sens des valeurs très présent : respect des anciens, de l’autorité…
La formation initiale et continue est vitale. La formation s’est renforcée pour répondre à une société plus dangereuse. L’objectif est de limiter l’effet des incertitudes en apprenant constamment pour mieux répondre à des enjeux changeants. Les nombreuses spécialisations existantes, voire super-spécialisations, permettent ainsi de répondre à des besoins parfois très précis (spéléologues, informaticiens…).
Ce sont ces différents points qui ont permis de surmonter la pandémie. La confiance permet de donner de la liberté et de la marge de manœuvre. Christian Rodriguez insiste sur l’importance de permettre aux subordonnés de tester et faire des erreurs. En utilisant un outil de chat, les gendarmes ont pu partager leurs actions auprès des populations. C’est une solution utilisée toujours quotidiennement et qui a renforcé la confiance au sein de la Gendarmerie, même dans une période de crise.