Environnement et social, deux défis incontournables pour une entreprise durable

Intervention de Brune Poirson du 14 mars 2023

Le mardi 14 mars 2023

Invitée

Brune Poirson, Directrice du développement durable du Groupe Accor

Quelques mots sur l'événement

Le dîner débat du 14 mars 2023 a eu lieu en présence de Brune Poirson. Directrice du Développement Durable du groupe Accor, elle s’exprimait sur le thème “Environnement et social, deux défis incontournables pour une entreprise durable”.

Brune Poirson souligne dans un premier temps que l’on commence enfin à se poser les bonnes questions et à entrer dans le “comment” de la démarche de développement durable. L’équation clé, pour citer Paul Polman, qui résume bien les défis à venir est que nous pouvons avoir une croissance infinie sur une planète dont les ressources sont finies.

Cette équation signifie qu’il faut transformer en profondeur les façons dont on travaille, dont on pense et dont on considère l’entreprise. En premier lieu, il est important de rappeler que le développement durable n’est pas une question morale. C’est crucial pour embarquer l’ensemble des collaborateurs. Si on commence à avoir des considérations subjectives sur ce qui est bien ou non, on perd les gens. Il faut dépassionner le débat pour se focaliser sur la science et avoir des références communes.

L’une des références les plus marquantes vient de J. Rockström, scientifique finlandais. Le système planétaire est composé de limites qui, lorsqu’on les dépasse, font que le système s’effondre. Six de ces neuf limites ont déjà été franchies. Avec cette constatation, on partage déjà un diagnostic commun crucial.

Ensuite, pour s’inspirer de la transition numérique, on peut considérer que le développement durable doit être au cœur du modèle d’affaires. Cela peut être évident, mais il y a en vérité encore beaucoup de chemin à parcourir. Beaucoup d’entreprises sont convaincues d’avoir placé le développement durable au centre de leur activité. Or ce n’est souvent pas le cas, ce qui est une forme courante de greenwashing. Il faut aller plus loin et passer vers un modèle d’entreprise qui cherche à réparer, à régénérer. Un autre enjeu est de se dire que c’est l’affaire de tous.

Les entreprises ont, en effet, un rôle majeur à jouer. Elles jouent le rôle de relais des états pour trouver et tester des solutions via de nouvelles formes de collaboration. L’état est aujourd’hui est sur le petit des dénominateurs communs. L’entreprise doit travailler différemment et être consciente de ses impacts sans tenter de les dissimuler. Brune Poirson n’a jamais eu autant de freins sur ces questions qu’en travaillant au gouvernement. Les entreprises ont montré beaucoup de freins.

Quel rôle pour les RH ? La question sociale est cruciale mais a été moins abordée. Elle est plus compliquée à traiter que les questions de développement durable. On voit des tensions au sein de la société autour des questions de développement durable et d’égalité. Or, si les entreprises ne parviennent pas à prendre en compte ces questions, la transition écologique ne se fera pas.

La question sociale transparaît aussi dans l’enjeu de la biodiversité. La nature fait vivre énormément de monde, la place de l’humain est au cœur des questions environnementales. Chez Accor, on se pose la question de savoir comment prendre part au diagnostic du problème. C’est le cas dans le secteur de l’hôtellerie. Par exemple, le sujet n’est pas tant de savoir comment passer aux camions à hydrogène, mais sur comment en mettre moins sur les routes. Il faut que les entreprises participent à l’identification des potentielles solutions. Dans tous les cas, la formation est clé. Accor a formé tous les collaborateurs à être formés au développement durable. Cela permet d’avoir une vision des choses et de dépasser les croyances. Il y a également un gros travail autour de la donnée : comment trouver les bons indicateurs de mesures ?

Pour conclure, Brune Poirson met en avant son expérience que les investisseurs ne sont en réalité pas prêts à une baisse de la rentabilité de l’entreprise quand il s’agit d’un investissement. Un frein qui pousse les collaborateurs et les acteurs du développement durable en entreprise à se battre d’autant plus pour des ressources.

Vidéo de l’intervention de Thomas Saunier

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