Les chiffres clés de l’année
5 dîners débats ont été organisés cette année, chacun abordant une problématique et un enjeu auxquels font face les directions RH :
- Daniel Cohen, économiste et conférencier, sur 2023, l’année de tous les dangers
- Brune Poirson, Directrice du Développement Durable d’Accor, sur le thème Environnement et social, deux défis incontournables pour une entreprise durable
- Frédéric Mazzella, Président-Fondateur de Blablacar et de Captain Cause, et Jean-Charles Samuelian, CEO et cofondateur d’Alan sur Scale-ups / Grandes entreprises : culture d’entreprise, deux stratégies irréconciliables ?
- Luc Ferry, philosophe et conférencier, sur Les métamorphoses du rapport au travail
- Frère Hugues Minguet, moine bénédictin, sur L’éthique ou le chaos ?
L’année a été particulièrement dynamique, avec une hausse de la fréquentation par rapport à l’année dernière :
- Plus 800 participants étaient présents
- Plus de 190 entreprises étaient représentées
- Le taux de satisfaction est de 4,6/5
- 7 partenaires étaient à nos côtés : Wavestone, ManpowerGroup, l’Apec, Neobrain, Actance, Eutelmed, April Entreprise
Les grands défis RH à la loupe
Le travail en temps de crise, distanciation et réenchantement
Éthique et développement durable, vers des entreprises de sens et de mission
Dans son analyse de la conjoncture économique du début d’année, Daniel Cohen a brossé le portrait d’une polycrise sans précédent. Il a mis en lumière la fin du mondialisme libéral, amorcée par des événements tels que le Brexit, l’élection de Trump, la crise du Covid et la guerre en Ukraine. Selon lui, ces éléments signalent l’avènement d’une nouvelle ère, caractérisée par la résurgence d’une nouvelle Guerre Froide, particulièrement entre la Chine et les États-Unis. Le choc du Covid a, quant à lui, accéléré les tendances numériques telles que le travail à distance, apportant des gains de temps et de productivité, mais engendrant également une distanciation déshumanisante.
Pour Luc Ferry, cette distanciation déshumanisante accentue le phénomène de métamorphoses du rapport au travail, mais n’en est pas la cause première. Il met en évidence la détérioration du rapport à l’emploi avec le phénomène du “big quit”. Cependant, c’est la frénésie du bonheur associée à la déconstruction des grandes idéologies qui sont pour lui responsables de l’engagement moindre des salariés.
Cette volonté de remettre les questions de sens semble être issue d’un changement de préoccupation profond de la part des collaborateurs. Frère Hugues Minguet a exploré l’évolution de la question morale au sein des MBA, soulignant l’importance de l’éthique face au chaos dans le monde. Il a mis en garde contre la montée du cynisme et a souligné l’équilibre entre le bien de la personne et celui de la communauté. La construction éthique dans une entreprise a été décomposée en quatre niveaux, de l’économique à la qualité des finalités, mettant l’accent sur le service de la personne, de l’entreprise et de la communauté.
Cette prise en compte de l’éthique peut passer par la notion de RSE. Brune Poirson a souligné l’importance de poser les bonnes questions dans le domaine du développement durable. Elle a cité Paul Polman pour rappeler que la croissance infinie sur une planète aux ressources finies est une équation non viable. Le développement durable doit être intégré au cœur du modèle d’affaires des entreprises, allant au-delà du greenwashing, et impliquer l’ensemble des collaborateurs. Les entreprises ont un rôle majeur à jouer en tant que relais des États pour trouver des solutions collaboratives. Les enjeux sociaux, liés à l’égalité et à la biodiversité, sont cruciaux, et la formation des collaborateurs est essentielle. Frédéric Mazzellal a également présenté Captain Cause, un projet visant à donner du sens aux actions des parties prenantes en permettant à chacun de diriger des dons prépayés pour des projets à impact positif.
Reconstruire le collectif grâce à la culture d’entreprise
La solution proposée par nos intervenants est d’effectuer un travail de fond sur l’organisation, notamment de repenser ses fondations éthiques et culturelles lors de la construction de la culture d’entreprise. Pour Frédéric Mazzella, la culture d’entreprise chez BlaBlaCar a eu un rôle dans la croissance rapide de l’organisation. Il a mis en avant l’importance de formuler clairement la culture, de la communiquer et de la vivre au quotidien. La culture doit être au cœur du modèle d’affaires, favorisant un environnement où les collaborateurs se sentent bien et peuvent s’exprimer librement.
Jean-Charles Samuelian-Werve a expliqué comment la culture d’Alan, centrée sur la mission d’augmenter la vie en bonne santé, a été définie pour accompagner la croissance de l’entreprise. Il a souligné l’importance de définir les éléments de la culture en amont, notamment les valeurs et les principes de leadership. Alan a opté pour une transparence radicale, supprimant le rôle traditionnel du manager et favorisant la communication écrite asynchrone. La croissance personnelle, le feedback, et les rituels sont également des éléments clés de la culture chez Alan.